top of page

L'avenir du rêve américain  

DSC00539.JPG

La ville de New York a plusieurs surnoms : « la grosse pomme », « la ville qui ne dort jamais » mais surtout « la ville où les rêves se réalisent ». (Crédits Photo : Caroline Devillers)  

Le rêve américain est un concept ancré dans la culture des États-Unis, historiquement, avant même qu'ils ne connaissent leur indépendance en 1776. Aujourd’hui, le pays attire toujours et projette ses atouts à travers le monde avec sa culture. Toutefois, l’économie du pays change et le rêve américain peut ne plus être considéré comme aussi viable qu’autrefois.

Il est difficile de trouver l’origine exacte du concept de rêve américain puisque celui-ci était déjà présent dans les mœurs avant  que le terme lui-même ne fasse son apparition. Le premier à l’employer, c’est l’historien américain James Truslow Adams qui, en 1931 dans son livre Epic of America, donne une définition de la notion : « Le rêve américain est ce rêve d’un pays dans lequel la vie devrait être meilleure, plus riche et remplie pour tout le monde, avec des opportunités pour chacun en fonction de ses capacités ou de ses réalisations ».

​

Cette définition illustre ce que les pionniers américains vivaient déjà lors des premières grandes migrations au XVIe siècle comme l’explique Kenneth Cohen, conservateur de la culture et de la politique américaine à l’Institut du Smithsonian de Washington DC : « l'idée du rêve américain d'avoir une vie confortable, de connaître un succès remonte, bien sûr, à la première période coloniale, à la colonisation et aux colons qui sont venus ici précisément pour cette raison parce qu'ils voyaient une meilleure opportunité ici, et cette opportunité venait souvent au détriment d'autres personnes au début ».

En effet, tout était encore à faire sur le territoire américain et c’est naturellement que les Amériques gagnèrent cette réputation de « terre d’opportunités » puisque tout y était possible. Cette notion est, d’ailleurs, ancrée dans la déclaration d’indépendance des États-Unis dans laquelle il est possible de lire « Nous estimons que ces vérités vont de soi, que tous les hommes sont créés égaux, que leur Créateur leur a attribué certains droits inaliénables, notamment la vie, la liberté et la recherche du bonheur ».

​

Bien que la notion de bonheur soit propre à chacun, Kenneth Cohen commente le choix de Thomas Jefferson d’avoir remplacé les derniers mots  du  phrasé original  de  John  Locke, « la vie, la liberté, la santé, les 

0T1A0486.JPG
Kenneth Cohen, historien et conservateur de la culture et de la politique américaine à l'Institut du Smithsonian. (Crédits Photo : Nora Legrand)

membres et la richesse » par « la vie, la liberté et la recherche du bonheur » : « Cette opportunité n’était pas nécessairement liée à la richesse et au succès mais à ce que les habitants de l’époque appelaient l’indépendance : la possibilité d’avoir leur propre terre, leur propre ferme, que personne ne pouvait leur enlever et une famille dont ils pourraient assurer l’avenir et le mettre en place pour les générations futures, c’était un sens relativement moderne avec la « terre d’opportunité » ». 

​

Le concept de rêve américain devient différent et plus synonyme de succès et de richesses matérielles avec le temps. Ainsi la notion évolue elle-même puisque l'idée de « recherche du bonheur » change elle aussi. Kenneth Cohen continue « On assiste en quelque sorte à l'agrandissement, du XIXe siècle au XXe siècle, du continent américain, car les États-Unis sont un acteur et une puissance mondiale et le pays se développe sur le plan financier. Puis, plus tard, dans le rêve américain, le sentiment qu’il s’agit peut-être moins de sécurité et de confort, mais plutôt de luxe et de richesse, commence à se faire voir ».

​

37863905american-dream-definition-1986-a

En 1986, le Wall Street Journal publie un sondage dans lequel des américains donnent leur définition du rêve américain. 27 ans plus tard, en 2013, le Washington Post actualise les résultats pour comprendre l'évolution du rapport des citoyens États-Uniens à cet idéal. Le constat montre qu'il y a une baisse du nombre de personnes qui pensent que le concept renvoie au matérialisme en général, et que les valeurs essentielles comme la liberté, la récompense face au mérite ou la faculté d'avoir une vie professionnelle et personnelle épanouie, restent principales. 

Traduction du graphique : Q : Pourcentage qui pense bien comprendre ce que signifie le rêve américain / Avoir la liberté de choix de vie/ Succès professionnel/ Etre propriétaire de sa maison/ Pouvoir avoir une vie professionnelle et de famille/ Gagner mieux que ses parents/ Pouvoir aller à l'université/ Devenir riche

« Les étrangers ont, dans une certaine mesure, une vision plus singulière du rêve américain que les Américains n’en ont réellement »

​

Kenneth Cohen

Cependant, bien que la liberté et l’idée de chances de réussite égales soient présentes dans le fondement de la société américaine, le pays a connu plusieurs fois des disparités évidentes. Rahul Hamid, professeur de films à l’Université de New York (NYU) met l’accent sur celles-ci : « Je pense qu'une partie du rêve américain mène à la méfiance de son voisin et aux personnes qui pensent différemment de soi ou qui ont une apparence différente de la sienne. Il existe également une culture de la contradiction selon laquelle le pays a été fondé avec l’idée du rêve américain, mais il y a eu de l’esclavage au début. L’histoire du pays est remplie de contradictions de ce type ».

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

filename.png

De la même manière, des études ont prouvé que nous ne sommes pas tous égaux devant le rêve américain, ou du moins c'est ce que les américains pensent. La couleur de peau aurait beaucoup à voir avec le succès de certains selon une étude du centre de recherche Pew qui ont posé la question à trois groupes ethniques différents pour comprendre si l'origine des personnes changeait leur approche de la réussite. Il semblerait que ce soit le cas puisque la communauté caucasienne est le premier groupe pensant avoir déjà accompli leur rêve américain et le dernier à penser qu'il est hors de portée. 

Les États-Unis, exportateurs du rêve américain à travers le monde

 

L’industrie du cinéma joue un grand rôle dans l’exportation du rêve américain à l’international. Souvent, les États-Unis sont représentés sur le grand écran comme un lieu d’opportunité, de plaisir et d’adrénaline. Rahul Hamid, professeur de la faculté de cinéma de l’Université de New York (NYU), enseignait un cours sur la représentation de l’échec dans le paysage du rêve américain à travers la filmographie des frères Coen, dont l’un d’eux, Joel, a étudié à NYU (écouter l'audio ci-contre*). 
0T1A0203_edited.jpg

Rahul Hamid, professeur à la faculté de films à l'Université de New York (NYU) (Crédits Photo : Nora Legrand)

* Traduction de l'audio en fin d'article 

Le rêve américain est très largement représenté dans les films, les séries télévisées et les clips vidéos. Dans le cinéma, on observe un monde manichéen avec un gentil et un méchant, une vision paternaliste des États-Unis qui sauvent le monde, notamment à travers les super-héros. Dans les clips vidéos et la musique américaine, on entend parler de la  gloire, de la célébrité, des paillettes, on y voit la mode, le luxe    et   les   nouvelles   technologies.   Ces   images   font  l’apologie de la consommation et du dernier cri. Dernièrement, on décèle dans les industries du cinéma et de la musique américaine une volonté de s’inscrire dans les mouvements féministes : les femmes sont de plus en plus des super-héroïnes, des guerrières émancipées et badass, sans vraiment laisser de place à une réalité et des enjeux plus complexes.

 

Dans l’édito du dixième volume du magazine America intitulé « American Dream », le journaliste français François Busnel se pose les mêmes questions abordées ici : « Comment le rêve américain a-t-il déraillé ? Où en est-il aujourd’hui ? De quelle façon matérialisme et consumérisme ont-ils relégué au rang d’abstractions poussiéreuses les valeurs nobles sur lesquelles ce pays fut fondé pour leur substituer l’effrayante trinité succès, richesse, confort (à laquelle le monde des réseaux sociaux ajoutera sans doute « célébrité ») ? »

006697601.jpg
Revue « America », publiée le 26 juin 2019 aux Éditions Revue America

Ici, la place de leader mondial des États-Unis est remise en question. Le « grand frère » dans la gestion des défis à la communauté internationale continue de montrer l’exemple sur plusieurs fronts, notamment avec l’élection et la poursuite du mandat du président Trump, qui a ouvert les portes à d’autres candidats à l’international qui tiennent un discours xénophobe, sexiste et négationniste face aux changements climatiques comme Bolsonaro au Brésil. 

 

En effet, comme le mentionnent les experts que nous avons interrogés, le rêve américain est un concept complexe qui n’a aucune forme précise ou constante. Ce fantasme diffère selon les décennies et les personnes qui le vivent. Aujourd’hui, à l’ère de Trump, l’écrivain David Vann déclare dans le dossier sur l’« American Dream » de la revue America que : « le rêve américain est un mensonge qui prétend que l’on peut gravir l’échelle sociale. […] mais les gens désespérés ont besoin de croire. C’est peut-être inhérent à la nature humaine ».

​

Il y a le rêve américain et le rêve des américains. Le rêve américain, c’est celui du reste du monde qui a les

yeux rivés sur les États-Unis, mais c’est aussi celui des immigrants de ce pays : « Trump n’a pas et n’aura jamais le pouvoir d’empêcher l’afflux d’immigrants qui ont permis de construire notre pays et feront encore sa grandeur », écrit Dave Eggers dans ce même dossier en évoquant les six prix Nobel remis aux États-Unis en 2017 pour les disciplines d’économie et de science, tous les six à des immigrés en Amérique.

​

​

​

​

​

​

​

​

​

 

 

 

Toutefois, Kenneth Cohen rappelle qu’il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus : les success-stories américaines se vendent toujours aussi bien à l’international, mais les opportunités diminuent à mesure que l’économie devient instable et que les riches deviennent encore plus riches et les pauvres encore plus pauvres, jusqu’à en oublier l’existence des super-héros.

« L’Amérique signifie toujours deux choses : un pays délimité dans l’espace, les États-Unis d’Amérique, et l’idéal qui va avec, l’American Dream. Aucun pays au monde ne s’est autant vendu et n’a envoyé ses images, sa propre image, avec autant de force, aux quatre coins de la planète. Depuis 90 ans, les films américains, ou mieux, le grand film qu’est l’Amérique a prêché le rêve d’une seule et exemplaire Terre Promise. »

Wim Wenders, 1984, The American dream

Des attentes changeantes

 

Aujourd’hui, le rêve américain est économiquement en déclin et ce, pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce que le pays recherche des personnes qui peuvent réussir tout de suite, être performant immédiatement. Historiquement, les États-Unis étaient en manque de main d’œuvre et d’infrastructures, ils avaient besoin d’immigrés qui étaient prêts à travailler dur pour construire des empires et lancer l'économie. À l’heure actuelle, ce n’est plus le cas. Eric Niiler, journaliste, expert en sciences, et auteur de « Comment la deuxième révolution industrielle a changé les vies des Américains » l’explique : « Je pense que la clé c’est l’éducation. Il y a beaucoup d’immigrés qui viennent ici et qui se rendent compte que peut-être ils n’atteindront pas le rêve américain mais ils savent que leurs enfants recevront une éducation. C’est la raison pour laquelle vous voyez que dans les gagnants de prix en sciences dans les écoles secondaires ou les meilleures bourses d’études, il y a tant de gens issus de familles d’immigrés ».

​

Toutefois, selon une étude réalisée par Nathaniel Hendren, professeur d’économie à l’Université d’Harvard, la proportion d’enfants gagnant plus que leurs parents baisse abruptement de décennie en décennie : 

Niiler-viru7a.jpg
Eric Niiler, journaliste spécialisé en sciences. (Crédits Photo : Eric Niiler)
Capture d’écran, le 2019-11-12 à 19.32.1

C’est aussi le cas de la classe moyenne américaine. À l’origine, le rêve américain désignait, pour la majeure partie, des immigrés qui étaient  devenus  financièrement  à  l'abri,  ceux-ci  composaient  la  classe moyenne.  Eric  Niiler  commente : « les  natifs  de la classe 

FT_18.09.05_Middle-Income_2.png

moyenne ont été capables de trouver du travail et une vie sans aller à l’université, ni faire beaucoup d'études, il y a eu beaucoup de manufacture, par exemple le travail à l'usine. Maintenant, ces usines, du moins la plupart d’entre-elles, ont disparu, si vous produisez toujours aux États-Unis, cela devient de plus en plus difficile ».

 

On en viendrait donc à croire que pour réussir aux États-Unis il ne faudrait pas seulement du courage et de la détermination mais aussi un bagage intellectuel prouvé par des diplômes. Pourtant, comme le dit Eric Niiler, il n’y a pas que le facteur d'envie de réussite en Amérique et de réalisation d'un rêve américain qui pousse les immigrés à venir s’installer là-bas : « Nous avons aujourd'hui des milliers de migrants d'Amérique Centrale, par exemple, qui fuient la tourmente de leur pays, l'oppression, de la violence des gangs à l'oppression de leurs propres gouvernements, ainsi que le climat changeant qui rend l'agriculture et l'élevage plus difficiles ».

​

Pourtant, ces études représentent un coût onéreux aux États-Unis, pour une moyenne entre 30K et 60K USD par an, et comme le montre une étude du centre de recherche Pew (voir ci-contre), les salaires des différentes classes sociales restent inchangés depuis plus de 40 ans. Ce qui pose des problèmes pour une société dont le mode de vie devient de plus en plus couteux, ne serait-ce qu'au niveau de la santé

Notre petite enquête** 

 

Le rêve.png
** Résultats obtenus en mettant en ligne le sondage sur plusieurs groupes Facebook composés de francophones. En considérant l'activité variable de ces groupes, les algorithmes affectant la diffusion de notre étude et la contrainte de temps, nous admettons que cela affecte les résultats obtenus. 
​
​
​
La majorité des personnes immigrantes francophones vivant aux États-Unis qui  a répondu à notre sondage, a entre 25 et 35 ans, vient d’Europe et est ancrée dans la vie active américaine. La majorité de ces personnes ont décrété que le rêve américain existe encore et elles y croient. Pour ces personnes, le pays offre beaucoup plus d’opportunités qu’ailleurs et le système est favorable à une ascension sociale si on travaille dur. Pour les rares qui ont répondu négativement, c’est un rêve qui existe mais qui n’est accessible qu’aux personnes qui se font parrainer ou qui viennent de milieux déjà aisés. Globalement, le rêve américain semble être une notion évocatrice pour ces immigrés d’Amérique.

Ils expliquent leur point de vue

« Tout est possible ici et il est plus facile que dans d’autres pays de gagner beaucoup d’argent »

— Anonyme

Un bilan mitigé 
​
Il semblerait donc que, immigrés comme Américains,  ils y croient encore. Pourtant, les difficultés financières liées aux coûts de l'obtention d'un diplôme universitaire et au mode de vie pour rentrer dans le moule de la société américaine sont deux des explications de la difficulté de réussite. Il faut ajouter à cela les inégalités sociales, raciales ou entre les sexes. En 2013, le Washington Post publiait une enquête sur le rêve américain comprenant un sondage (voir ci-contre) exposant la dureté de l'économie pour les Américains.
​
Toutefois, le pays continue d'exporter un modèle de vie au travers de sa culture qui montre que tout est possible, que les difficultés sont certes présentes mais que le travail est récompensé. Pour cela,  ils mettent en avant des modèles presque héroïques à l'instar d'Oprah Winfrey, d'Ellen DeGeneres ou de Walt Disney, pour montrer que le rêve américain, aujourd'hui comme hier, est toujours possible. 
Screenshot 2019-11-12_10-28-45-767.png

Traduction du graphique :  Q : En repensant aux dernières années, diriez-vous qu'il est devenu plus facile ou plus difficile pour des personnes comme vous de ... ou est-ce que ça n'a pas changé ?/ Payer pour l'université/ Trouver un bon travail/ Mettre de côté pour la retraite (pour les non-retraités)/ Avoir des économies/ Se procurer une assurance maladie/ Pouvoir assurer l'avenir de ses enfants (pour les parents)/ Trouver un logement decent et abordable. 

Un bilan mitigé

 

 *Transcription de l'audio

« C’est vraiment un mythe important et fondamental des États-Unis. Je pense que c’est quelque chose que les citoyens américains ont dans leur subconscient.

 

Ce qui a déclenché la crise économique de 2008, c’est que les gens pensaient qu’ils devaient acheter une maison même s’ils n’en avaient pas les moyens, même s’ils devaient faire une hypothèque qui serait complètement destructrice pour leurs avoirs. Mais cette idée d’être propriétaire d’une maison et d’avoir son propre palace, ça fait partie du rêve américain. C’est comme ça qu’on évalue notre succès, si on a réussi ou non.

 

Je crois que ce qui m’a marqué et qui a fait que j’ai réalisé ce cours [sur les frères Coen], c’était ce scepticisme concernant l’idée de progrès. Leur personnage principal est généralement soit incapable de réaliser ses objectifs ou trop idiot ou trop égoïste pour y arriver. C’est cette grosse critique de l’idée du rêve américain, et de l’idée que les américains semblent penser qu’ils méritent leur succès d’une certaine façon. Ils croient en cette idée de la « pensée positive » et de la « promesse » selon laquelle si on imagine assez fort que l’on va réussir, alors le monde nous l’offrira et je pense que les frères Coen ont démystifié cette idée.

 

Leurs personnages sont vraiment soumis à des forces externes, que ce soit lié à la structure de la société américaine ou à leurs propres illusions, ce sont des forces qui écrasent les personnages et les rendent incapables d’accomplir ce qu’ils aimeraient.

 

Ils utilisent tous ces genres pour montrer leurs personnages échouer d’une façon ou d’une autre, mais aussi la cruauté et la cupidité sous-jacentes à la société américaine.

 

La plupart de leurs films qui parlent d’échec prennent souvent place juste après la deuxième guerre mondiale, les soldats reviennent à la maison après avoir vu les horreurs de la guerre, après avoir pris conscience de l’Holocauste. C’est là que les films ont pris ce tournant sombre, ils représentent cette partie beaucoup plus sombre de l’Amérique, on y voit les dessous criminels, les personnages y sont égoïstes et ne sont motivés par aucune noble cause. Le paysage Américain est y est très cynique et très sombre.

 

Même de la façon la plus inconsciente, la majorité des films hollywoodiens montrent de beaux appartements, dans les comédies romantiques basiques il y a une vague d’opulence, de belles choses matérielles. Même dans les films Marvel on ne voit pas de pauvreté, on ne voit pas les gens échouer. On voit une version très rose de la société américaine. On peut voir clairement dans les films des frères Coen qu’ils montrent une toute autre version de la société américaine sans nécessairement attirer l’attention dessus. Les films comme Bande à Part, lorsqu’ils traversent le Louvre en courant… Ça montre qu’on n’est pas obligé de montrer tout ça de manière pessimiste. Donc je pense que quand on voit des films qui essayent de rendre compte de la vraie vie, ça augmente vraiment le réalisme parce que ça se démarque vraiment de la standardisation des films Hollywoodiens. 

 

Les gens sont très mal à l’aise avec ce fossé entre les riches et les pauvres et je pense que beaucoup de films sont en réaction à la présidence de Trump, mais la vraie question concerne les foyers. Admettons que sur 5000 écrans à travers le pays, 4 900 sont probablement remplis d’adaptations de comics, les films qui sont critiques ou qui ont quelque chose à dire, eux, ne peuvent pas être vus et encore moins dans les cinémas.

 

Je ne pense pas qu’un film puisse engendrer une révolution. On ne va pas voir un film politique quand on va voir un film des frères Coen. Mais s’ils peuvent nous donner un point de vue différent sur la vie, c’est probablement ce que l’art peut nous offrir. Ça nous fait voir les choses avec une perspective différente. Ce n’est pas la même chose que le militantisme politique mais ce que l’art peut offrir, c’est du changement dans notre conscientisation ».

​

 Propos recueillis lors d'un entretien avec Rahul Hamid, professeur à l'Université de New York (NYU) 

bottom of page